Page:Hoffman - Contes des frères Sérapion, trad de la Bédolière, 1871.djvu/81

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

tains apportée sur les ailes des tons qui viennent en s’enflant toujours d’un orchestre aérien.

Non mi dir, bell’ idol mia !

Ouvre-toi pour moi, royaume lointain, royaume inconnu des esprits, Djinnistan merveilleux, où une ineffable et céleste douleur remplit l’âme ravie de la joie indicible de tous les plaisirs promis à la terre! Laisse-moi pénétrer dans le cercle de tes charmantes apparitions ! Que le songe, tantôt plein de terreur, tantôt messager de joie, que tu envoies aux enfants des hommes vienne conduire mon esprit dans tes plaines éthérées tandis que le sommeil tient le corps immobile dans ses chaînes de plomb !

une conversation du dîner de la table d’hôte comme conclusion.

un homme sensée faisant claquer ses doigts avec force sur le couvercle de sa tabatière. – C’est une chose fatale que d’en être bientôt réduit à ne plus pouvoir entendre un seul opéra bien monté. Cela vient de cette hideuse manie d’exagération.

une figure de mulâtre. — Oui, oui, je l’ai assez répété, le rôle de donna Anna l’avait singulièrement impressionnée ! Hier elle était tout à fait possédée, elle est restée sans connaissance pendant tout l’entracte, et dans la scène du second acte elle a eu des attaques de nerfs.

des gens insignifiants. — Oh ! racontes !

la figure de mulâtre. — Eh bien, oui ! des attaques de nerfs ! et il a été impossible de l’emporter du théâtre.

moi. — Au nom du ciel ! ces attaques sont pourtant sans importance, n’est-ce pas ? nous entendrons encore la signora.

l’homme sensée, prenant une prise. — Difficilement, la signora est morte cette nuit à deux heures précises.


FIN DES CONTES DES FRÈRES SÉRAPION.