Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/200

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ment à son esprit ; durant tout le jour, la nuit dans ses rêves, il ne vit plus que des cartes, il n’entendit plus que la voix monotone du banquier qui répétait : gagne, perd ; à ses oreilles retentissait sans relâche le tintement des pièces d’or.

» — Il est vrai pourtant, se disait-il à lui-même, il est vrai qu’une seule nuit comme celle-là me tirerait de la misère, m’arracherait à l’affreuse inquiétude d’être toujours à charge à mes amis ; c’est le devoir qui m’ordonne d’écouter la voix du destin !

» L’ami qui lui avait conseillé de jouer s’offrit à l’accompagner à la maison de jeu, et lui donna vingt louis d’or pour essayer de tenter la fortune.

» Si jadis, en pontant pour le vieux colonel, le chevalier avait joué avec éclat, cette fois ce fut une suite de chances inouïes. Les pièces d’or qu’il avait gagnées s’élevaient en monceaux autour