Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/20

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Mais tandis que je contemplais mon trésor, une angoisse singulière vint changer le cours de mes idées ; une sueur froide ruisselait de mon front. Les paroles du vieil officier retentirent à mon oreille dans leur acception la plus étendue et la plus terrible. Il me sembla que l’or qui brillait sur ma table était les arrhes d’un marché par lequel le prince des ténèbres avait pris possession de mon âme pour sa destruction éternelle : il me sembla qu’un reptile vénéneux suçait le sang de mon cœur ; et je me sentis plongé dans un abîme de désespoir. »

L’aube naissante commençait alors à briller à travers la fenêtre d’Hoffmann, et à éclairer de ses rayons la campagne voisine. Il en éprouva la douce influence, et, retrouvant des forces pour combattre la tentation, il fit le serment de ne plus toucher une carte de sa vie, et le tint.

« La leçon de l’officier fut bonne, dit-il ; et son effet, excellent. » Mais avec une imagination comme celle d’Hoffmann, cette impression fut le remède d’un empirique plutôt que d’un médecin habile. Il renonça au jeu, moins par sa conviction des funestes conséquences morales de