Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/22

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Au moment où l’on entassait les cadavres dans ces fosses immenses qui sont le tombeau du soldat, il visita le champ de bataille, couvert de morts et de blessés, d’armes brisées, de schakos, de sabres, de gibernes, et de tous les débris d’une bataille sanglante. Il vit aussi Napoléon au milieu de son triomphe, et l’entendit adresser à un adjudant, avec le regard et la voix retentissante du lion, ce seul mot : « Voyons. »

Il est bien à regretter qu’Hoffmann n’ait laissé que des notes peu nombreuses sur les événemens dont il fut témoin à Dresde, et dont il aurait pu, avec son esprit observateur et son talent pour la description, tracer un tableau si fidèle. On peut dire, en général, des relations de sièges et de combats, qu’elles ressemblent plutôt à des plans qu’à des tableaux ; et que, si elles peuvent instruire le tacticien, elles sont peu faites pour intéresser le commun des lecteurs. Un militaire surtout, en parlant des affaires où il s’est trouvé, est beaucoup trop disposé à les raconter dans le style sec et technique d’une gazette : comme s’il craignait d’être accusé de vouloir exagérer ses propres périls en rendant son récit dramatique.