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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 1, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/31

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fait confondre le surnaturel avec l’absurde, il se serait distingué comme un excellent peintre de la nature humaine, qu’il savait observer et admirer dans ses réalités.

Hoffmann réussissait surtout à tracer les caractères propres à son pays. L’Allemagne, parmi ses auteurs nombreux, n’en peut citer aucun qui ait su plus fidèlement personnifier cette droiture et cette intégrité qu’on rencontre dans toutes les classes parmi les descendans des anciens Teutons. Il y a surtout dans le conte intitulé le Majorât un caractère qui est peut-être particulier à l’Allemagne, et qui forme un contraste frappant avec les individus de la même classe, tels qu’on nous les représente dans les romans, et tels que, peut-être, ils existent en réalité dans les autres pays. Le justicier B… remplit, dans la famille du baron Roderic de R…, noble propriétaire de vastes domaines en Courlande, à peu près le même office que le fameux bailli Macwhecble exerçait sur les terres du baron de Bradwardine (s’il m’était permis de citer Waverley). Le justicier, par exemple, était le représentant du seigneur dans ses cours de justice féodale ; il avait la surveillance de ses revenus, dirigeait et contrôlait sa maison, et, par sa connaissance des affaires de la famille, il avait