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CONTES NOCTURNES.

pas des dispositions contre les breuvages d’amour, qui entraînaient irrésistiblement une personne vers une autre ? Vos discours me rappellent un événement tragique qui se passa, il y a peu de temps, dans ma propre maison. Lorsque Bonaparte inonda notre pays de ses troupes, un colonel de la garde noble italienne fut logé chez moi.

— C’était un de ces officiers, en petit nombre dans la prétendue grande armée, qui se distinguaient par une conduite noble et décente. Son visage pâle, ses yeux creusés, annonçaient une maladie d’un chagrin profond. Il ne logeait chez moi que depuis peu de jours, lorsque se trouvant dans ma chambre, il porta subitement, avec un grand soupir, la main sur son cœur ou plutôt sur son estomac, comme s’il y ressentait une douleur mortelle. Il ne pouvait pas articuler une parole ;