Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 13, trad. Loève-Veimars, 1830.djvu/45

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nous plaisons à les nourrir. C’est ce qui arriva à Henri de Ofterdingen ; il conserva toute l’ardeur de son amour, mais ses regards ne se portèrent plus sur un abîme sans fond, ils s’élevèrent vers le ciel pour y chercher l’espérance. Alors sa bien-aimée lui apparaissait dans les plaines lumineuses, et lui inspirait les plus beaux chants qu’il eût jamais composés. Il détachait son luth suspendu à la muraille, y mettait de nouvelles cordes, et sortait pour aller dans la campagne qu’embellissait une belle matinée de printemps. Ses pas l’entraînaient irrésistiblement vers la Wartbourg ; mais lorsqu’il apercevait les toits éclatans du château, lorsqu’il pensait qu’il n’y reverrait plus Mathilde ; que son amour était un mal sans fin, que Wolfframb de Eschinbach avait gagné le cœur de la belle comtesse par la puissance de