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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/190

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flacons et de fruits, auprès de laquelle sont assises, l’une en face de l’autre, deux femmes italiennes. L’une d’elles chante, l’autre joue de la guitare ; entre elles est un abbate qui joue le rôle de maître de chapelle. Sa battuta suspendue, il attend le moment où la signora achèvera par un long trillo la cadence qu’elle fait les yeux levés vers le ciel ; la guitariste suit ses mouvemens avec attention, et se prépare à frapper fortement l’accord à la dominante. L’abbé est plein d’admiration ; il jouit délicieusement, et en même temps il attend avec anxiété. Pour rien au monde, il ne voudrait manquer le moment de frapper la mesure. À peine ose-t-il respirer, il voudrait lier les ailes à chaque mouche, à chaque insecte qui le fatigue de son bourdonnement. Aussi la venue de l’hôte affairé qui apporte dans le moment fatal le vin qu’on lui a demandé ne lui