Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/241

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luptueux trésors de tons que la nature ait produits ; que ces cordes et ce bois sont un tout merveilleux qui ne se révèle qu’à un petit nombre d’hommes élus du ciel ? Sais-tu certainement, ton esprit te dit-il avec fermeté, que tu pénétreras au fond de ce mystère ? — D’autres que toi, et en grand nombre, ont cru à leur vocation, et sont restés toute leur vie de pitoyables racleurs. Je ne voudrais pas te voir augmenter le nombre de ces malheureux, mon fils. — Bon ! tu vas me jouer quelque chose ; je te dirai où tu en es, et tu suivras mon conseil. Il t’arrivera peut-être ce qui est arrivé à Carl Stammitz, qui rêvait des miracles qu’il devait faire un jour sur son violon : je lui ouvris l’intelligence, et vite, vite il jeta son violon sous le poêle, prit la basse, et fit bien. Sur cet instrument-là il pouvait étendre à plaisir ses grands doigts pattus, et il joua passablement.