Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/25

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Mal vêtu, une mince bourse avec quelques pâles sequins dans sa poche, Salvator Rosa se glissa dans la ville par une nuit sombre. Il arriva, sans savoir lui-même comment, sur la place Navona. Là, à une époque plus heureuse, il avait autrefois habité une belle maison, près du palais Panfili. Il regarda d’un air chagrin ces croisées, grandes comme des glaces, qui brillaient à la lueur des rayons de la lune. — Ah ! s’écria-t-il avec humeur, il en coûtera de la toile et des couleurs avant que je puisse derechef établir mon atelier là-haut.

Mais, en parlant ainsi, il se sentit tout-à-coup abattu, sans force et sans courage. — Pourrai-je, grommela-t-il entre ses dents, en s’asseyant sur les marches en pierre du seuil de la maison, pourrai-je faire assez de tableaux tels que les sots les désirent ? Je crois presque que je suis au bout de mes efforts.