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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/255

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qu’à une heure ; ensuite vient Durand !

Vous pouvez imaginer que dès le lendemain, à l’heure dite, j’accourus chez le baron, le cœur gros d’espoir.

Il ne me permit pas de tirer un seul son du violon que j’avais apporté, et me mit dans les mains un gothique instrument d’Antonio Amati. Jamais je ne m’étais servi d’un semblable instrument. Le ton celeste qui s’élevait des cordes, me ravit. Je me perdis en passages hardis, je laissai le torrent harmonique s’élever en bouillonnant comme une vague furieuse, et retomber légèrement en cascade murmurante. Je crois que je me surpassai, que je jouai mieux dans ce premier moment, sous l’influence de cette situation si nouvelle, que dans tout le reste de ma vie. Le baron secoua la tête d’un air mécontent, et me dit enfin lorsque j’eus terminé le morceau : — Mon garçon, il faut oublier