Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 2, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/55

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jeune homme pendant qu’il parlait ; il se jeta avec véhémence à son cou.

— Antonio, dit-il, vous venez de dire des paroles bien sensées, bien profondes, tout jeune que vous soyez. Quant à la véritable intelligence de l’art, vous surpassez beaucoup de nos anciens maîtres si vantés. Vraiment ! lorsque vous me parliez de mes tableaux, il me semblait que je me comprenais mieux moi-même. Si je vous estime, c’est précisément parce que vous ne voulez pas imiter mon style ; parce que vous ne prenez point des couleurs noires, comme tant d’autres ; que vous ne mettez point de clairs trop crus, ou que vous ne faites point sortir d’une terre boueuse une couple de figures estropiées, à visages hideux, croyant alors avoir fait du Salvator. Tel que vous voilà, vous avez trouvé en moi un fidèle ami. Je me donne à vous de toute la puissance de mon âme !