Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/102

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tretient tour à tour avec des juifs, des Turcs, des Grecs et des Arméniens ; il détourne son front soucieux, revient rapidement sur ses pas, s’arrête tout à coup, revient encore, et se jette enfin dans une gondole qui le conduit à la place Saint-Marc, où il se met à errer les yeux baissés, sans remarquer, sans soupçonner plus d’un doux murmure qui s’échappe, à son passage, entre les somptueuses draperies de plus d’un balcon des palais voisins. Qui reconnaîtrait, dans ce jeune homme, cet Antonio qui, peu de jours auparavant, était couché, couvert de haillons, sur les degrés de marbre de la dogana !

— Bonjour, mon fils, bonjour ! lui cria la vieille mendiante qui était assise devant l’église de Saint-Marc. — Antonio, qui ne l’avait pas aperçue, s’arrêta et prit dans sa bourse une poignée de sequins qu’il se disposa à lui jeter. —