Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/136

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dans sa maison de plaisance auprès de Trévise ?

— Hélas ! oui, répondit la vieille, ce fut Bertuccio Nénolo, le grand homme de mer que les vagues engloutirent au moment où il se couvrait de gloire.

— Ne m’interromps pas, dit Antonio ; écoute patiemment. J’étais heureux auprès de Bertuccio, je portais de beaux vêtemens ; la table était toujours préparée pour moi lorsque j’avais faim ; et, quand j’avais fait mes trois prières, je pouvais gaîment folâtrer dans le bois et dans la prairie. Tout près de la maison se trouvait un bois de pins frais et sombre, rempli de parfums et de mélodies. Un soir que j’étais las de bondir et de sauter, j’allai m’asseoir sous un grand arbre au moment où le soleil se couchait ; et je me mis à contempler le ciel bleu. Peut-être fut-ce l’effet de la vapeur des herbes aromatiques sur lesquelles j’étais