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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/143

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l’ardeur qui le dévorait, plutôt que de se laisser consumer par une douleur sans fin. Déjà il se trouvait involontairement sur la dernière marche du quai, et il se disposait à exécuter son projet fatal, lorsqu’une voix qui partait d’une petite barque lui cria : — Eh ! bonsoir, messire Antonio ! Au reflet des illuminations de la place, Antonio reconnut le joyeux Piétro, son ancien camarade, qui était assis dans la gondole, la tête couverte d’un bonnet surmonté de plumes et de clinquant, avec une casaque bariolée de rubans et un magnifique bouquet dans la main.

— Bonsoir, Piétro, répondit Antonio ; à quel seigneur vas-tu donc rendre visite dans ce brillant costume ? — Eh ! messire Antonio, s’écria Piétro, je vais gagner mes trois sequins ; je dois faire l’ascension à la tour de San-Marco, et en descendre pour porter le bouquet à la belle dogaresse.