Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/156

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soler ; il était tourmenté de mille peines, et il ne pouvait modérer son impatience. Dans son inquiétude, il parcourait en gondole tous les canaux, il errait sur toutes les places, et ses pas le rapprochaient toujours involontairement du palais ducal. Un jour il aperçut, près du pont qui joint le palais du doge aux prisons, son ancien camarade Piétro appuyé sur sa rame bariolée ; sa gondole amarrée aux colonnes du palais se balançait sur l’onde : cette embarcation était fort petite, mais surmontée d’une tente élégante, richement sculptée, ornée à la poupe du pavillon vénitien, et presque semblable, par ses dorures, au splendide Bucentaure.

— Soyez le bienvenu, signor Antonio ! s’écria Piétro. Vos sequins m’ont amené le bonheur. Antonio lui demanda d’un air distrait quel bonheur il lui avait procuré.