Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/56

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sur ses lèvres. Bientôt il reprit son air grave et me dit d’un ton solennel : — Jeune homme ! tu me regardes comme un extravagant, comme un insensé ; je te pardonne, car nous sommes enfermés dans la même maison de fous, et tu ne t’irrites de ce que je crois être Dieu le père que parce que tu te crois Dieu le fils. Mais comment as-tu osé vouloir pénétrer dans une vie qui doit te rester étrangère, et essayer d’en démêler les fils les plus secrets ? Elle n’est plus, et le secret a cessé !

Crespel se leva et fit plusieurs fois le tour de la chambre. Je repris courage et je le suppliai de m’expliquer cette énigme. Il me regarda long-temps, prit ma main et me conduisit près de la fenêtre, dont il ouvrit les deux côtés. Il appuya ses deux bras sur le balcon, et le corps penché au dehors, les yeux fixés sur le jardin ; il me raconta l’histoire de