Page:Hoffmann - Œuvres complètes, t. 3, trad. Loève-Veimars, 1832.djvu/59

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née ; mais bientôt la signora, qui l’avait suivi de près, entra dans la salle. Elle se trouvait dans cet instant en humeur de tendresse, et, embrassant le conseiller, elle lui fit de doux reproches et reposa sa tête sur son épaule. Mais Crespel, plongé dans le tourbillon de ses accords, continua de jouer du violon avec son enthousiasme ordinaire, et il arriva que son archet atteignit légèrement la signora. — Bestia tedesca ! s’écria-t-elle en se relevant avec fureur ; en même temps elle arracha le violon des mains du conseiller, et le mit en pièces en le frappant contre une table de marbre. Le conseiller resta pétrifié ; mais, se réveillant comme d’un rêve, il souleva avec force la signora, la jeta par la fenêtre de sa propre maison, et, sans s’inquiéter de ce qui arriverait, il gagna Venise, d’où il partit aussitôt pour l’Allemagne. Ce ne fut que plus tard qu’il comprit bien ce