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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/158

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» Afin de te guérir entièrement de tes folles rêveries, dit Fabian, ce que j’ai de mieux à faire est de te conduire chez le docteur Prosper Alpanus. Tu verras alors par toi-même que le docteur est un médecin tout comme un autre, et qui ne va nullement se promener en voiture trainée par des licornes, des faisans d’argent et des scarabées dorés. »

Balthasar reprit, le regard pétillant de joie : « Tu exprimes là, mon ami, le souhait le plus ardent de mon âme : mettons-nous donc tout de suite en route. »

Ils arrivèrent bientôt devant la grille du parc au milieu duquel était bâtie la maison du docteur Alpanus ; mais elle était fermée. « Comment allons-nous entrer maintenant ? dit Fabian. — Je pense qu’il faut frapper, » répliqua Balthasar. Et il saisit le marteau de métal qui formait saillie tout auprès de la serrure.

À peine eut-il levé ce marteau, qu’un murmure souterrain se fit entendre, pareil au roulement du tonnerre dans le lointain, et comme étouffé dans la profondeur des abimes ; la grille tourna lentement sur ses gonds. Ils entrèrent et s’avancèrent par une longue et large avenue vers la maison, qu’ils apercevaient à travers les arbres.

« Eh bien, dit Fabian, sens-tu ici quelque chose de magique, de surnaturel ? — Mais il me semble, dit Balthasar, que déjà la grille s’est ouverte d’une façon tant soit peu singulière ; et puis, je ne sais, tout dans ces lieux me cause une sensation étrange, insurmontable. D’abord, où trouverait-on dans les