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Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/217

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l’état est en danger — le Tigre moucheté de vert ! — Malheur ! — malheur !…»

Le prince jette sur le nain un regard courroucé, et marche précipitamment vers la porte. Mosch Terpin s’offre à sa rencontre : il le saisit, l’attire à l’écart, et dit avec des regards enflammés de colère : « Vous avez donc le front de vouloir faire jouer une sotte parade devant votre prince, devant votre honorable souverain ? Vous me priez d’assister au mariage de votre fille avec mon digne ministre Cinabre, et à la place de mon ministre, je trouve ici un affreux pygmée que vous avez affublé de riches vêtements ! — Monsieur ! savez-vous qu’une pareille plaisanterie est un crime de haute trahison, et que je vous ferais punir sévèrement si vous n’étiez pas un homme tout-à-fait stupide, dont la place est dans une maison de fous. — Je vous destitue de l’emploi de directeur-général des choses naturelles, et je vous défends toutes études ultérieures dans ma cave. — Adieu ! »

Et il sortit avec impétuosité.

Mais, tremblant de fureur, Mosch Terpin se précipite sur le nain, il le saisit par ses longs cheveux hérissés, et court vers la fenêtre : « Par la fenêtre ! s’écrie-t-il, infâme avorton ! maudit poucet qui m’as trompé si ignominieusement, qui m’as fait perdre tout le bonheur de ma vie ! »

Il allait lancer le petit par une fenêtre ouverte, quand l’inspecteur du cabinet de zoologie qui se trouvait là, s’élança avec la rapidité de l’éclair et arracha le pauvre nain des mains du professeur. « Arrêtez ! monsieur le professeur, lui dit-il, n’attentez pas à