Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/219

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vahi par un affreux démon auquel une puissance irrésistible l’avait obligée de donner son amour ; que ce démon ou ce spectre savait usurper les traits et la parfaite ressemblance de son Balthasar ; et que bien qu’elle reconnût, en concentrant fortement sa pensée sur Balthasar, que ce n’était pas lui en réalité, elle imaginait pourtant, par une influence inexplicable, qu’elle devait aimer cet imposteur ensorcelé, précisément par attachement pour Balthasar.

Celui-ci lui donna quelques brefs éclaircissements, de manière à ménager ses sens déjà si cruellement troublés ; puis, comme il arrive d’ordinaire entre amoureux, survinrent mille protestations, mille serments d’amour et de constance éternelle. Ils se jetèrent dans les bras l’un de l’autre, s’embrassèrent avec toute l’ardeur de la plus violente passion, et tous deux, dans l’extase d’une délicieuse sympathie, se croyaient transportés au septième ciel.

Mosch Terpin entra dans la chambre en se lamentant et en se tordant les mains, suivi de Pulcher et de Fabian, qui faisaient de vains efforts pour le consoler.

« Non ! s’écriait Mosch Terpin, je suis un homme perdu sans ressource. — Plus directeur-général des choses naturelles. — Plus d’études dans la cave du prince ! — Une disgrâce totale ! J’espérais devenir chevalier du Tigre moucheté de vert avec cinq boutons au moins. Tout est fini ! — Que dira son Excellence le digne ministre Cinabre, s’il apprend que j’ai pris pour lui un vil magot, simia Belzelub caudâ