Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/438

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fort sensée. — Je revins sur mes pas, et j’entrai tout droit dans la splendide boutique ornée de glaces du confiseur, voisin de la maison déserte.

Tout en soufflant sur la tasse brûlante de chocolat mousseux que je m’étais fait servir, je glissai sans affectation les mots suivants : « Vous avez ma foi bien fait d’agrandir votre établissement par l’acquisition de la maison voisine. » Le confiseur s’empressa de jeter encore quelques bonbons de couleur différente dans le cornet d’un quart de livre qu’attendait une charmante petite fille, et ensuite il se pencha fort en avant vers moi, le bras appuyé sur son comptoir, en m’adressant un regard souriant et interrogateur, comme s’il ne m’eût pas du tout compris.

Je répétai qu’il avait très-convenablement établi son laboratoire dans la maison voisine, bien que le bâtiment, devant rester inhabité par suite de cette destination, offrit un triste et sombre contraste au milieu des brillants hôtels d’alentour. « Eh ! monsieur, répartit alors le confiseur, qui a pu vous dire que la maison d’à cote nous appartient ! Malheureusement, toutes nos tentatives pour l’acquérir ont été vaines ; et, ma foi, cela vaut peut-être mieux pour nous ; car il y a dans cette maison quelque singulier mystère !… »

Vous devez bien imaginer, ô mes chers amis, combien ces paroles m’intriguèrent et avec quel empressement je priai le confiseur de m’en apprendre davantage sur ce sujet. « Mon Dieu ! monsieur, me dit-il, je ne sais rien moi-même de bien particulier.