Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/447

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pattes de chiens à Satan, et les régale de macarons quand, à force de hurlements en la majeur, ils ont consommé leurs évocations sataniques. — Oh je sais tout ! charmante et gracieuse créature ! Dis : ce diamant ne reflète-t-il pas l’intime ardeur de ton âme ! Ah ! le sang de ton cœur a dû souvent l’arroser pour qu’il scintille ainsi et éblouisse le regard de ses mille rayons diaprés, tandis qu’il s’en émane une enivrante mélodie. Oh ! ne sais-je pas aussi que ce bracelet magnifique est l’anneau d’une chaîne prétendue magnétique que tient le nécromancien couleur café brûlé. — Ne le crois pas, mon doux ange ! Moi, je vois bien qu’elle sort d’une retorte d’où s’échappent des flammes bleuâtres ; mais je la briserai, et tu seras délivrée. Ne sais-je pas tout, charmante ? est-ce que je ne sais pas tout ? — Mais par grâce, ange des cieux ! daigne entr’ouvrir ces lèvres de roses, et dis-moi… »

En cet instant, une main osseuse, avançant par-dessus mon épaule, saisit le flacon de cristal, qui se brisa en mille pièces, et toute l’apparition s’évanouit. La ravissante image parut s’évaporer et se perdre dans les ténèbres avec un léger et plaintif murmure.

Ah ! je le vois à votre sourire, je passe encore à vos yeux pour un rêveur extravagant. Mais je puis vous certifier que mon rêve, puisque vous tenez absolument au mot, avait tous les caractères de la vision. Cependant, dès que vous continuez à vous railler de moi dans votre incrédulité prosaïque, je