Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/660

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» Conviens d’une chose, reprit le chien, l’appréhension de quelque phénomène, mes paroles sourdes, l’aspect de ma figure, qui, à la pâle clarté de la lune, ne doit pas précisément provoquer la confiance, voilà seulement ce qui t’a rendu d’abord si souple et si poli. Maintenant tu ne te méfies plus de moi, tu me tutoies : et j’en suis bien aise.— Si tu veux, passons la nuit à jaser. Peut-être seras-tu mieux disposé à la causerie aujourd’hui qu’hier, après avoir trébuché dans l’escalier en sortant, plein de mauvaise humeur, du cercle scientifique…

— » Comment ! tu m’aurais vu hier ?…

— » Oui ! je te reconnais en effet maintenant pour celui qui a failli me renverser en s’élançant précipitamment dans cette maison. Comment je m’y trouvais moi-même, nous parlerons de cela plus tard. Je veux d’abord te faire savoir, sans condition ni réserve, comme à un fidèle ami, avec qui tu t’entretiens. — » Tu vois quelle est mon attente. — » Apprends donc que je suis ce même chien Berganza qui, il y a plus de cent ans, à Valladolid, à l’hôpital de la Résurrection… »

Je ne pus contenir plus long-temps l’émotion qui s’était emparée de moi au nom de Berganza. « Excellent homme ! m’écriai-je dans le transport de ma joie. Quoi ! vous seriez vous-même le noble, sage, bon et digne Berganza, qui ne pûtes triompher de l’incrédulité obstinée du licencié Peralta, mais dont l’enseigne Campuzano recueillit si religieusement les merveilleux entretiens ? Mon dieu ! que je suis aise