Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/667

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de la serrer, de la dérober aux regards, pour ainsi dire, est l’indice le plus expressif de notre terreur ou d’une amère tristesse. — Mais revenons à mon affreuse aventure.

MOI.

Tes réflexions sur toi et sur ta race, mon cher Berganza, témoignent de ton esprit philosophique, et je ne suis pas fâché que tu mêles à ton récit des observations de ce genre.

BERGANZA.

J’espère bien te convaincre de plus en plus de l’excellence de l’espèce canine. Le mouvement de la queue particulier aux chats, par exemple, n’a-t-il pas toujours excité en toi une certaine inquiétude et même un agacement insupportable ? Ne retrouve-t-on pas dans ces tournoiements indécis, dans ces spirales compliquées, l’expression de leur astucieuse malice, de leur dissimulation et d’une haine sournoise ? Mais nous au contraire ! avec quelle loyauté, quelle franchise de bonne humeur nous frétillons de la queue ! — Songe à cela, mon cher, et estime les chiens !

MOI.

Et comment pourrais-je m’en dispenser ? mon cher Berganza ! tu m’inspires pour toi et pour tes pareils une affection qui ne finira qu’avec ma vie, mais poursuis maintenant ton lamentable récit.