Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/695

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je m’élançai contre leur cohorte ! J’entamai ainsi le combat que mon maître acheva glorieusement, en les jetant l’un après l’autre à la porte. — Le jour suivant, il se leva faible et épuisé. « Je vois, mon cher Benfatto, me dit-il, que je ne dois pas songer à rester long-temps ici ; et nous aussi, il faudra nous séparer, mon bon chien !… Ne m’ont-ils pas déjà traité de fou parce que je te jouais du piano, et que je m’entretenais avec toi de maintes choses raisonnables ! Toi aussi, si tu restais plus long-temps avec moi, tu pourrais bien encourir l’accusation de folie ; et de même que je suis menacé d’une ignominieuse réclusion, à laquelle pourtant j’espère bien me soustraire, tu pourrais être condamné à périr de la main du bourreau, et tu n’échapperais pas à cette déplorable catastrophe. Adieu, mon fidèle Benfatto ! » Il ouvrit devant moi la porte en sanglottant, je descendis les quatre étages les oreilles pendantes, et je me trouvai dans la rue.

MOI.

Mais, mon cher Berganza ! le récit de l’aventure qui t’a conduit ici, tu l’as tout-à-fait oublié.


BERGANZA.

Tout ce que je t’ai raconté jusqu’ici en est l’introduction. — Tandis que, livré aux réflexions les plus tristes, je descendais la rue en courant, une troupe d’hommes vint à moi, et plusieurs criaient : « Saisissez ce chien noir ! saisissez-le ! il est fou,