Page:Hoffmann - Œuvres complètes, tome III.djvu/93

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les seront livrés au chef de vos cuisines à titre d’excellents rôtis ; et quant aux chevaux ailés, on peut aussi tenter de les éduquer et d’en faire des animaux utiles en leur coupant les ailes et en les mettant au régime des écuries, que nous introduirons, il faut l’espérer, en même temps que les lumières. »

Paphnutius fut extrêmement content de tous les projets de son ministre, et dès le lendemain on exécuta ce qui avait été convenu.

À tous les coins était déployé l’édit concernant l’introduction des lumières, et en même temps la police fit irruption dans les palais des fées, d’où elle les emmena prisonnières, après avoir fait main basse sur tout ce qu’elles possédaient.

Nul, excepté le ciel, ne sait comment il se fit que la fée Rosabelverde fut la seule entre toutes qui eut vent quelques heures à l’avance de la proclamation des lumières, et mit ce temps à profit pour donner à ses cygnes la clef des champs, et cacher en lieu de sûreté ses rosiers magiques et d’autres objets précieux. Elle savait aussi qu’elle était désignée pour rester dans le pays, et elle se détermina à y consentir, malgré le plus profond sentiment de répugnance.

Du reste, ni Paphnutius ni Andrès ne pouvaient concevoir pourquoi les fées qui devaient être déportées au Dschinnistan manifestaient la joie la plus excessive, et ne cessaient de répéter que la privation des biens dont elles se voyaient dépouillées ne leur importait pas le moins du monde. « Au fait,