Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/127

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée



VII


J’AI EU assez de temps, dit-il, pour me préparer à cet entretien avec vous, que je considère comme la dernière faveur de la Providence divine, et pour recouvrer le calme et le sang-froid nécessaires au récit de l’histoire inouie de mon funeste sort. Accordez-moi assez de compassion pour m’écouter tranquillement, quelle que soit la surprise, l’horreur que vous éprouverez à la révélation d’un secret qu’assurément vous êtes bien loin de soupçonner. — Si mon pauvre père n’avait du moins jamais quitté Paris !… — Autant que mes souvenirs peuvent me reporter en arriére, à l’époque de mon séjour à Genève, je me rappelle, hélas ! mes parents au désespoir, me baignant de leurs larmes, et provoquant souvent les miennes par l’amertume de leurs plaintes, dont je ne devinais pas le motif. Plus tard, j’acquis le sentiment précis de leur déplorable infortune, je fis une dure épreuve de la misère profonde où ils vivaient. Bref, mon père se trouva déçu dans toutes ses espérances. Abattu, épuisé par l’excès du chagrin,