Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/218

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que je ne ferais pas mal d’exposer un peu tes oreilles au vent glacé de la mer, et que tu devrais m’accompagner à R....sitten. Outre que tu peux m’être d’un grand secours pour expédier des affaires quelquefois difficultueuses, cela te donnerait l’occasion de faire l’épreuve de la vie sauvage d’un chasseur ; et nous verrions si, après avoir rédigé correctement un protocole juridique, tu ferais bonne contenance devant une bête fauve à l’œil étincelant, telle qu’un loup velu et formidable ou bien un sanglier vorace, et si tu saurais bien les mettre à bas d’un bon coup de fusil. »

Je n’avais pas besoin d’avoir entendu tant de merveilleux récits des joyeuses parties de chasse de R....sitten, ni même d’affectionner de toute mon âme non bon et vieux grand-oncle, pour être enchanté de sa proposition de m’emmener avec lui. Déjà passablement exercé dans le genre d’affaires dont il s’occupait, je lui promis de lui épargner, avec un zèle soutenu, toutes les peines à sa charge, et le lendemain, assis dans sa voiture, enveloppés de fourrures bien chaudes, nous avancions rapidement vers R....sitten, au milieu d’une neige battante, prélude d’un rigoureux hiver.

Pendant la route, le vieillard me raconta beaucoup de choses singulières sur le baron Roderich, le créateur du majorat, qui l’avait choisi, malgré sa jeunesse, pour justicier et l’avait nommé son exécuteur testamentaire. Il me parla du caractère sauvage et des goûts austères du vieux seigneur, lesquels paraissaient s’être transmis à ses héritiers ; car