Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/222

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— À votre constant et joyeux bien-être, mon jeune maître ! » me dit le vieillard en s’inclinant poliment vers moi, comme je venais d’éternuer ; puis il reprit aussitôt : « Ce sont les pierres et le ciment du mur mitoyen démoli par suite de la grande secousse. — Avez-vous donc eu un tremblement de terre ? répliqua mon grand-oncle avec emportement. — Non, vraiment, mon très-digne monsieur le justicier, répondit le vieux avec un doux et franc sourire, mais il y a trois jours que le plafond massif et lambrissé de la salle d’audience s’est écroulé avec un fracas terrible.

— Que le… ! » Mon grand-oncle, dans le transport de la colère, allait proférer un énorme jurement. Mais, la main droite levée en l’air, et de la gauche relevant sur son front sa casquette de renard, il s’arrêta tout court, et se tournant vers moi, avec un éclat de rire, il me dit : « Ma foi ! cousin, il vaut mieux nous taire. Nous n’avons que faire d’interroger davantage ; car on nous apprendrait, sans doute, encore de plus grands malheurs, et tout le château pourrait bien à la fin s’écrouler sur nos têtes.

» Mais, reprit-il, en s’adressant au vieux, Franz ! ne pouviez-vous pas avoir l’esprit de nous préparer et de nous chauffer une autre chambre ? ne pouviez-vous pas aussi faire arranger à la hâte une salle quelconque du corps de logis principal pour les jours des plaids ? — Tout cela est déjà fait, » répondit le vieux ; en même temps, il nous indiqua complaisamment l’escalier, et commença à y monter lui-