Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/237

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cousin ! » Il en fut effectivement ainsi ; rien d’extraordinaire ne signala les nuits suivantes, et je redevins franchement joyeux au détriment du rôle que j’avais prêté aux vieilles baronnes. Car malgré leur apparence de fantômes et leurs manières insolites, elles ne pouvaient plus passer que pour des revenants risibles que mon grand-oncle avait le secret de faire mouvoir et parler de la façon la plus comique.

Enfin, quelques jours après, le baron arriva avec sa femme et de nombreux équipages de chasse. Les hôtes invités affluèrent au château, qui tout d’un coup offrit le spectacle animé du tumulte joyeux que j’ai décrit plus haut. Lorsque le baron, aussitôt après son arrivée, entra dans notre appartement, il parut désagréablement surpris de ce changement de local. Je le vis jeter un sombre regard sur la porte condamnée, et, se détournant avec vivacité, passer la main sur son front comme s’il eût voulu chasser un pénible souvenir. Mon grand-oncle parla du délabrement de la salle d’audience et des pièces contiguës. Le baron blâma Franz de ne nous avoir pas choisi un logement plus convenable et engagea gracieusement mon grand-oncle à réclamer immédiatement tout ce qui pouvait manquer à sa commodité dans celui-ci.

En général, les procédés du baron envers le vieillard n’étaient pas seulement empreints d’une sincère cordialité, mais il s’y mêlait un certain respect filial qui pouvait faire supposer entre eux deux des rapports de déférence mutuelle. Cela seul compensait à mes yeux