Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/302

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au sujet du trésor qu’on supposait caché quelque part.

Mais toute précaution pour arriver à ce but était superflue ; car à peine le justicier eut-il achevé ces mots : « Mais, Daniel, comment se fait-il que le vieux seigneur n’ait laissé qu’une si petite quantité d’argent comptant ? » que Daniel répondit avec un sourire dédaigneux : « Voulez-vous parler des quelques misérables écus que vous avez trouvés dans la petite caisse, monsieur le justicier ? — Le reste est dans le caveau attenant à la petite chambre à coucher du vieux et grâcieux seigneur. Mais ce qui vaut encore mieux, ajouta-t-il, et en même temps son sourire se changea en un grincement horrible, et de ses yeux caves jaillit une lueur sanglante, ce qui vaut encore mieux, ce sont d’innombrables milliers de pièces d’or qui sont enfouies là-bas sous les décombres ! »

Le justicier s’empressa de faire mander le baron, et l’on se rendit dans la chambre à coucher. Daniel dérangea, dans un coin, un panneau du lambris, derrière lequel apparut une serrure. Tandis que le baron l’examinait avec des regards avides, et qu’il s’évertuait à y faire l’essai d’un grand nombre de clefs, réunies dans un grand anneau qu’il avait tiré de sa poche avec peine, Daniel était debout, la tête haute, et le regard incliné, avec une expression ironique, sur le baron, qui s’était accroupi pour mieux examiner la serrure ; les traits couverts d’une pâleur mortelle, il dit enfin d’une voix étouffée : « Si je suis un chien, monsieur et très honorable baron ! je suis doué