Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/322

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et de ses convenances. Il chassa indignement le cuisinier du château, et tenta un jour de battre le cocher, mais en vain, car cet homme, d’une force athlétique, eut l’audace de se montrer récalcitrant. Bref, il commençait le mieux du monde à jouer le rôle d’un châtelain despote, lorsque V. crut devoir s’y opposer avec une ferme volonté, et déclara très positivement que pas une chaise ne devait bouger de place, que pas un chat ne devait sortir de la maison, s’il lui convenait d’y rester, avant l’ouverture du testament du défunt.

« Comment ! vous osez contre moi, le seigneur du majorat !… » V., sans laisser achever au jeune baron, qui frémissait de rage, lui dit, en le mesurant d’un regard percant : « Point de précipitation, monsieur le baron ! vous ne pouvez exercer la moindre autorité avant l’ouverture du testament. C’est moi qui suis actuellement seul maître ici, et je saurai, s’il le faut, repousser la force par la force. Souvenez-vous qu’en vertu de mes pleins pouvoirs, et comme exécuteur testamentaire du baron votre père, aussi bien que d’après les dispositions ordonnées par le tribunal, je suis autorisé à vous refuser le séjour de R....sitten : et je vous conseille, pour éviter un conflit désagréable, de vous rendre volontairement à K..... »

L’air sévère du justicier, le ton décidé dont il s’exprima, donnèrent à ses paroles le poids nécessaire ; et le jeune baron, qui songeait à se heurter contre cette puissante barrière avec une trop vive impétuosité, sentant la faiblesse de ses armes, jugea