Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/362

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vingt-quatre heures, et l’on remarqua qu’il en était constamment atteint au retour de chaque équinoxe. Le jour d’après il ne paraissait même pas se douter de rien de ce qui s’était passé ; seulement il était plus intraitable, plus emporté, plus violent que jamais, jusqu’à ce qu’il revint peu à peu à ses dispositions bienveillantes.

» Je ne sais d’où provenaient les bruits étranges et merveilleux répandus sur son compte parmi les domestiques du lycée, et même dans la ville parmi le peuple. Par exemple, on prétendait qu’il pouvait conjurer le feu, qu’il savait guérir les maladies par l’imposition des mains, et même par ses seuls regards ; et je me souviens encore qu’il chassa un jour à coups de bâton des gens qui voulaient absolument qu’il exerçât en leur faveur ce rare talent. Un vieil invalide, affecté à mon service, affirmait ouvertement, comme une chose notoire, qu’il y avait bien des choses à dire sur la personne et la conduite surnaturelles de monsieur le major, et il racontait comment, bien des années auparavant, dans une tempête sur mer, le malin esprit lui était apparu, et lui avait promis non seulement de le délivrer du péril, mais de le douer d’une force surhumaine et de maintes facultés miraculeuses, offre à laquelle avait souscrit le major en se dévouant à l’esprit de ténèbres. De là résultaient les rudes combats qu’il avait à soutenir contre le démon qu’on voyait apparaître dans le jardin, tantôt sous la forme d’un chien noir, tantôt avec celle de quelque animal effrayant ; mais tôt ou tard le major devait succomber indubitablement par