Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/389

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Augusta l’accueillit avec les transports de l’amour le plus vif. Bientôt après elle avoua, en répandant un torrent de larmes, qu’elle lui avait été infidèle, et comment un étranger était parvenu, sans qu’elle sut comment, à le chasser de son souvenir, et à la faire pour ainsi dire renoncer à sa propre nature, sous l’influence irrésistible d’une puissance inconnue. Mais l’image consolante de Théobald qui était venue remplir ses rêves avait conjuré les esprits malfaisants de qui elle était captive. Maintenant elle était forcée de convenir qu’elle ne pouvait même plus se retracer en souvenir la physionomie de l’étranger ; et Théobald seul, disait-elle, était vivant dans son cœur. — Alban et Théobald étaient fermement convaincus que la véritable folie qui avait troublé l’esprit d’Augusta était complètement dissipée, et rien ne s’opposait plus à l’union… »

Ottmar n’avait plus que deux mots à dire pour conclure sa narration, lorsque Maria, jetant un cri étouffé, tomba évanouie de son siége dans les bras de Bickert, qui s’était promptement élancé. Le baron se leva saisi d’effroi, Ottmar courut aider Bickert, et tous deux portèrent Maria sur le sopha. Elle était raide et pâle comme un cadavre : toute trace de vie avait disparu de son visage, convulsivement crispé. « Elle est morte ! elle est morte ! s’écria le baron. — Non, dit Ottmar, c’est impossible ! il faut qu’elle vive : Alban viendra à notre secours.

— Alban ! Alban peut-il donc ressusciter les morts ! » s’écria Bickert. — À l’instant, la porte s’ouvrit et Alban entra. Avec sa démarche composée et solennelle,