Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/391

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

petit flacon qu’il avait tiré de sa poche, et quitta la chambre à pas lents.

« Voilà bien le docteur aux miracles ! » s’écria Bickert, lorsqu’on eut emporté Maria endormie dans sa chambre, et qu’Ottmar se fut retiré, — « le regard profond et extatique de l’illuminé, les manières emphatiques, la prédiction prophétique, le petit flacon d’élixir miraculeux. — Je regardais, pour voir s’il n’allait pas à mes yeux s’évaporer dans l’air, comme Swedenborg, ou du moins sortir, comme Beireis, avec son frac subitement changé de noir en rouge.9

— Bickert ! » interrompit le baron, qui avait vu emporter Maria sans bouger de son fauteuil, muet et consterné, « Bickert ! qu’est devenue notre joyeuse soirée ? Mais j’avais pressenti intérieurement que quelque malheur viendrait me frapper aujourd’hui, j’avais deviné qu’un accident fatal ramènerait Alban parmi nous. Et précisément au moment où Ottmar le citait, il a paru, semblable au génie familier qui veille constamment. Dis-moi, Bickert ! n’est-ce pas par cette porte qu’il est entré ?

— Certainement, répliqua Bickert ; et ce n’est qu’à présent que j’y prends garde. Comme un autre Cagliostro, il nous a fait là un petit tour de passe-passe, que notre inquiétude et notre anxiété nous ont empêché de remarquer. L’unique porte du vestibule, là-bas, je l’ai fermée en dedans moi-même, et en voici la clef : — je peux m’être trompé, cependant, et l’avoir laissée ouverte. — » Bickert alla visiter la porte, et s’écria en riant à son retour : « Le Cagliostro est