Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/393

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qui lui servait à façonner mille objets charmants pour le plaisir et la récréation de ses enfants, et dans nous-mêmes, les enfants qui, venant à trouver l’instrument dangereux, se blesseraient à coup sûr, en voulant indiscrètement imiter leur mère dans la confection des mêmes ouvrages.

— Tu viens d’exprimer avec une admirable justesse le fond de ma pensée, dit le baron ; mais quant à ce qui regarde particulièrement Alban, j’éprouve un embarras extrême pour m’expliquer et accorder entre eux tous les sentiments singuliers que me fait éprouver son voisinage. Parfois, je crois être parfaitement éclairé sur son compte ; l’abus de sa science profonde l’a fait tomber dans de folles rêveries ; mais son zèle, ses succès lui concilient justement l’estime. — Mais ce n’est qu’en son absence qu’il m’apparaît ainsi ; s’approche-t-il de moi, cette image s’évanouit aussitôt, et je suis frappé de terreur en discernant dans ce caractère vingt traits difformes pris isolément, sans pouvoir cependant en former un tout analogue. Lorsque Oltmar, il y a plusieurs mois, l’amena ici comme son ami le plus intime, il me sembla que je l’avais déjà vu quelque part. Ses manières délicates, sa conduite réservée me complurent ; mais, en général, sa société n’avait pas de charme pour moi. Bientôt après, et cela m’a plus d’une fois frappé grièvement au cœur, Maria, immédiatement après l’apparition d’Alban auprès d’elle, Maria, comme tu le sais, fut atteinte de cette singulière maladie. Je dois l’avouer, Alban, dès que je me déterminai à le consulter, entreprit sa guérison