Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/412

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que Maria produisit sur moi ; mais je sens en ce moment combien il me sera difficile de te définir ce que j’éprouve, de manière à ce que tu puisses parfaitement me comprendre. — Du reste, je m’en rapporte à la connaissance que tu dois avoir de mon caractère, qui imprime à toutes mes idées et à toutes mes actions une tendance spiritualiste à jamais incompréhensible pour le vulgaire. Tu seras donc bien persuadé que malgré sa taille élancée, telle qu’une plante magnifique qui, dans sa croissance luxuriante, se pare de feuilles et de fleurs aussi riches que délicates, malgré des yeux bleus dirigés vers le ciel comme aspirant à saisir ce que dérobe à nos regards ce voile des nuages lointains, bref, malgré toute son angélique beauté, une jeune fille ne saurait me jeter dans la doucereuse langueur où tombe un ridicule amoroso.

Ce fut uniquement la découverte instantanée d’une secrète relation spirituelle entre Maria et moi qui me pénétra d’une sensation vraiment extraordinaire. À la volupté la plus intime se joignit l’aiguillon irritant d’une rage secrète, née de la résistance que je rencontrai dans Maria. Une force étrangère et hostile retenait son esprit captif et contrariait mon influence. Par une puissante contention d’esprit, je parvins à connaître mon ennemi, et je m’appliquai alors, dans une lutte opiniâtre, à concentrer sur moi, comme dans un miroir ardent, tous les rayons qui s’élançaient de l’âme de Maria.

Le vieux peintre m’observait avec une attention toute particulière, et paraissait se douter de l’effet