Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 2, trad. Egmont, 1836.djvu/434

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pressentis qu’il devait avoir à cette précaution une toute autre cause, sans pouvoir cependant fonder sur rien des soupçons précis. Ce n’est qu’aujourd’hui que j’ai appris les circonstances véritables du triste événement qui a porté le deuil et la désolation au sein du petit cercle de famille.

Adelgonde était autrefois la plus belle et la plus joyeuse enfant qu’on pût voir. On célébrait le quatorzième anniversaire de sa naissance, et un grand nombre de ses jeunes compagnes avaient été réunies à cette occasion. Assises toutes en cercle dans le joli quinconce du parc, riant et plaisantant à l’envi, elles ne s’inquiètent point de la nuit, qui devient de plus en plus sombre ; car le vent tiède du soir souffle agréablement, et cette heure, au mois de juillet, est le signal de leurs plus vifs amusements. Elles commencent dans le magique crépuscule toutes sortes de danses bizarres, en cherchant à représenter les sylphes agiles et les esprits follets. —

« Écoutez, dit Adelgonde quand le bosquet fut devenu tout à fait obscur, écoutez, enfants ! je vais vous apparaître maintenant, comme la Dame blanche, dont le vieux jardinier défunt nous faisait tant de beaux récits. Mais il faut que vous veniez avec moi jusqu’au bout du jardin, là-bas, où est cette vieille masure.» — En même temps elle s’enveloppe dans son châle blanc, et elle s’élance vivement et d’un pas léger dans l’allée couverte du quinconce, et ses petites amies de la suivre en courant, en riant et en folâtrant.

Mais à peine Adelgonde