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IVI.

L’HISTOIRE DU REFLET PERDU.

L’heure était enfin arrivée où Érasme Spikher pouvait accomplir le souhait le plus ardent qu’eût nourri son cœur depuis qu’il était au monde. Ce fut ivre de joie, et la bourse bien garnie, qu’il monta en voiture pour quitter le nord, sa patrie, et se rendre dans la chaude et belle Italie. Sa tendre et sensible moitié, noyée dans un torrent de larmes, souleva une dernière fois le petit Rarasme à la portière, après lui avoir essuyé proprement le nez et les lèvres, pour que son père lui donnât les baisers d’adieu, et dit ensuite elle-même en sanglotant : « Adieu ! mon cher Érasme Spikher ! Je veillerai soigneusement sur la maison ; pense bien souvent à moi, reste-moi fidèle, et ne perds pas ton joli bonnet de voyage en penchant la tête hors de la voiture, comme c’est ton habitude en dormant. » Spickher promit cela.

Dans la douce Florence, Érasme trouva plusieurs compatriotes, qui, pleins de l’ardeur de la jeunesse et