Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/22

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
10

rôles françaises ; mais je ne pus pas les distinguer d’une manière précise. Et d’ailleurs, le frisson d’horreur dont je me sentis pénétré m’empêcha de prêter une attention soutenue à ce chant inconcevable et fantastique.

» Il arrive aussi, quand le bruit extérieur cesse momentanément, que l’on entend de l’arriêre-boutique de profonds soupirs, et puis un rire étouffé, qui semblent sortir de terre ; mais en appliquant l’oreille contre la muraille, on s’aperçoit aisément que ces divers bruits viennent de la maison à côté. Voyez, monsieur… (il me conduisit dans l’arrière-boutique, et du geste dirigea mes regards vers la fenêtre), remarquez ce tuyau de fer qui sort du mur en face : il fume parfois si fort, même en été et quand on n’allume pourtant du feu nulle part, que mon frère a’est déjà plus d’une fois querellé avec le vieil intendant à cause du danger d’incendie. Mais celui-ci prétend, pour s’excuser, que c’est la cheminée du fourneau où il fait cuirçses aliments. Ce qu’il mange celui-là, Dieu le sait ! car la fumée qui s’échappe de là répand quelquefois une odeur si singulière !… »

La porte vitrée de la boutique cria, le confiseur courut à son comptoir, et il me lança, en me désignant d’un mouvement de tête le personnage qui venait d’entrer, un regard significatif. Je le compris à merveille. Quel pouvait être cet individu, sinon l’intendant de la mystérieuse maison ? — Figurez-vous un petit homme sec avec une face couleur de momie, un nez pointu, des lèvres pincées, des yeux de chat d’un vert étincelant, un sourire stéréotypé