Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/271

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ter Goethe et se battre les flancs pour paraître inspirés par cette poésie dont un seul rayon les eût éblouis et paralysés, les chétifs eunuques !

Mais surtout, ne prends pas cela en mauvaise part, mon ami ! si tu avais par hasard une femme ou une maîtresse de cette nature, — ce sont surtout les femmes éduquées, artistiques, poétiques qui me déplaisent souverainement. Car si j’aime à me laisser caresser par une main déliée de jeune fille, et à reposer ma tête sur un élégant tablier, souvent en revanche, quand j’entends quelqu’une de ces précieuses, dépourvues de goût et de bon sens, bavarder à tort et à travers sur une foule de niaiseries littéraires qu’elles ont apprises par cœur, il me prend l’envie de lui imprimer avec mes dents tranchantes, dans quelque endroit sensible de son corps, une bonne remontrance !

MOI.

Fi ! Berganza ! n’es-tu pas honteux ! c’est la vengeance qui t’inspire un pareil langage : la Cagnizares, qui fut la cause de tous tes malheurs, était une femme !

BERGANZA.

Tu commets une grande erreur, car tu regardes comme dépendantes l’une de l’autre deux choses qui n’ont et n’auront jamais aucune liaison. Crois-moi, il en est d’une apparition surnaturelle et terrible, comme d’une violente secousse électrique, laquelle anéantit les êtres trop débiles pour y résister, mais communi-