Page:Hoffmann - Contes fantastiques,Tome 4, trad. Egmont, 1836.djvu/281

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rampai jusqu’à ses pieds, et couché devant elle de l’air le plus soumis, je me mis à gémir tout bas tristement. « Pauvre chien ! qu’as-tu ? » me dit alors la charmante jeune fille, et elle se baissa pour me caresser avec sa petite main blanche. Petit à petit je donnai carrière à ma joie, et j’en vins bientôt à me livrer à mes bonds les plus gracieux. La jeune fille riait, l’enfant sautait et criait de plaisir. Bientôt il manifesta le désir commun à tous les enfants de monter sur moi. La jeune fille le lui défendit, mais je m’accroupis aussitôt par terre, et l’invitai moi-même à satisfaire son envie par toutes sortes de grognements et d’éternuments joyeux. Enfin, sa sœur le laissa libre d’agir. Quand je le sentis sur mon dos, je me levai doucement, et tandis que la jeune fille le maintenait d’une main avec la grâce la plus parfaite, je commençai à parcourir le vestibule dans tous les sens, d’abord au pas, puis en faisant des petites courbettes. L’enfant criait et jubilait de plaisir, et sa sœur riait de plus en plus cordialement. Une autre petite fille survint. À l’aspect de la cavalcade, elle joignit ses petites mains en signe de surprise, puis elle accourut, et voulut soutenir l’enfant par l’autre bras. Alors je pus essayer des bonds plus hardis ; nous avançâmes alors au petit galop, et chaque fois que je reniflais en secouant la tête, à l’instar du plus bel étalon arabe, les enfants poussaient des cris de jubilation. On vit les domestiques, les servantes, accourir du haut et du bas de l’escalier ; la porte de la cuisine voisine s’ouvrit, et la cuisinière, laissant échapper de ses mains une cas-