Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/10

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venger l’offense prétendue faite à sa dignité, agit auprès du ministre, et fit reléguer le trop spirituel satirique à Plozk, au fond d’une province éloignée. Hoffmann partit, au printemps de l’année 1802, avec une jeune Polonaise qu’il avait récemment épousée.

Ce fut dans cette espèce d’exil qu’il fit, pour la première fois, imprimer un opuscule sur l’emploi des chœurs dans le drame3. Bref, sans s’affecter autrement de sa disgrâce, Hoffmann consacra les deux années qu’elle dura à s’exercer avec ardeur dans la littérature et surtout dans les arts dont il était enthousiaste. Peintre et musicien depuis son enfance, il fit des portraits, d’admirables dessins à la plume, il composa des messes, des sonates, des fragments d’opéras, une comédie destinée à concourir à un prix de cent frédérics d’or, fondé par Kotzebue ; il entreprit enfin de consigner ses sensations et ses aventures dans un journal de sa vie, qui fut plusieurs fois interrompu et repris jusqu’à l’époque de 1815. Ce fut ainsi qu’il commença à se fonder dans le monde une réputation de talent qui ne fit que s’accroître à Varsovie, où il obtint, au commencement de 1804, un siége de conseiller.

Son séjour dans cette ville fut marqué par une suite de distractions et de plaisirs ; tout en remplissant ses fonctions avec le même zèle, il organisa des concerts périodiques qui eurent un tel succès, que la


3. Les premiers essais littéraires d’Hoffmann furent deux romans, intitulés Cornaro et Le Mystérieux, qu’il composa au collége et qui sont restés inédits.