presque la nuit entière, des airs exprimant tantôt les transports de l’amour le plus tendre, tantôt d’amères satires sur la folie des vieillards amoureux.
Les peintres aperçurent distinctement au balcon Marianna que signor Pasquale suppliait, mais en vain, quoique avec les protestations les plus doucereuses, de ne pas s’exposer à l’air malsain de la nuit.
Le lendemain soir, la société la plus remarquable qu’on ait jamais pu voir se mit en marche par la rue Ripetta, pour gagner la porte del popolo ; elle accapara tous les regards, et l’on se demandait sur son passage si le carnaval avait laissé en arrière une queue de masques enragés.
Signor Pasquale Capuzzi, dans son habillement espagnol bigarré, brossé en tout sens, une plume jaune toute neuve à son chapeau pointu rafraichi et repassé à neuf, pimpant et élégant de la tête aux pieds, et ayant l’air de marcher sur des œufs avec ses souliers trop étroits, donnait le bras à la charmante Marianna, dont on distinguait à peine la taille svelte et le joli visage sous la quantité de voiles qui l’enveloppaient.
De l’autre côté, marchait le signor Splendiano Accoramboni dans son immense perruque qui couvrait tout son dos, de sorte qu’on eût cru voir, en le regardant par derrière, une tête énorme se promenant sur deux jambes exiguës. Sur leurs talons, en arrière de Marianna, et presque fourré sous ses jupons, haletait le petit monstre de Pitichinaccio dans des habits de femme couleur de feu, et la tête ceinte