Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/112

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mercia la sainte Vierge et tous les saints de sa délivrance, puis il jeta par les fenêtres tous ses onguents, toutes ses poudres, ses teintures et ses essences, il brûla ses recettes et fit le vœu de ne plus traiter à l’avenir ses malades que par les frictions et l’application des mains. C’était ainsi qu’un médecin célèbre, inscrit depuis au nombre des saints, mais dont le nom ne veut pas me revenir en mémoire, avait agi autrefois et avec un merveilleux succés ; car ses malades mouraient bien comme ceux des autres docteurs, mais le saint, avant la mort, leur faisait voir le ciel ouvert et tout ce qu’il lui plaisait en de ravissantes extases.

« Je ne sais, disait le lendemain matin Antonio à Salvator, quelle rage s’est allumée en moi depuis que mon sang a coulé ! mort et damnation à l’infâme tuteur ! — Savez-vous, Salvator, que je suis résolu à pénétrer de vive force dans la demeure de Capuzzi ; je poignarde le vieux s’il fait mine de se défendre… et j’enlève Marianna !

« Admirable expédient, s’écria Salvator en riant, et merveilleusement imaginé ! je ne mets pas en doute que tu n’aies découvert le moyen de transporter ta Marianna par les airs jusqu’à la place d’Espague pour éviter d’être arrêté et pendu avant d’avoir gagné cet asile. — Non, mon cher Antonio, rien n’est à tenter ici par la violence : vous pouvez bien vous imaginer que signor Pasquale s’est mis en mesure de parer à toute aggression ouverte. De plus, notre aventure a fait trop d’éclat : le retentissement de ces rires immodérés sur la manière bouffonne dont