Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/117

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nure fort distinguée, déjà sur l’âge, il s’exprime de la meilleure façon et s’appelle Nicolo Musso. — Nicolo Musso ? se disait Capuzzi réfléchissant en lui-même, le possesseur du théâtre de la porte del popolo ? je serais curieux de savoir ce qu’il me veut. » — En murmurant ces mots, il ferma avec précaution toutes les portes, tira les verroux, et descendit l’escalier avec Michel pour parler à Nicolo, en bas, dans la rue, devant la maison.

« Mon digne signor Pasquale, dit Nicolo en s’avançant vers lui et le saluant avec aisance, combien je suis flatté que vous daigniez m’accorder l’honneur de votre connaissance, et que de grâces j’ai à vous rendre ! Sachez que depuis qu’on vous a vu à mon théâtre, vous, dont on sait le goût exquis et la science profonde, vous le modèle des virtuoses, ma réputation et mes recettes ont doublé. J’ai été d’autant plus désespéré que de méchants coquins vous aient attaqué, vous et votre société, d’une manière aussi infâme, à votre retour chez vous ; mais, au nom de tous les saints ! signor Pasquale, que cette aventure, dont les auteurs seront punis sévèrement, ne vous inspire aucune rancune contre moi, ni contre mon théâtre, et ne m’imposez pas la privation de vos visites.

« Soyez persuadé, cher signor Nicolo, répondit le vieux, que je n’ai jamais éprouvé plus de plaisir qu’à votre théâtre. Votre Formica ! votre Agli ! voilà des acteurs vraiment incomparables ! Mais songez à la frayeur qui a failli causer la mort de mon ami signor Splendiano et la mienne propre ! Ce n’est