Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/120

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

fortement serrés les fuseaux de jambes décharnés du vieillard, non, signor Pasquale, je ne vous lâcherai pas, jusqu’à ce que vous me donniez votre parole de venir après demain assister à mon spectacle. — Comment craindriez-vous une nouvelle attaque ? ne devinez-vous pas que les spectateurs, quand ils auront entendu votre musique, vous reconduiront chez vous en triomphe, à la lueur des flambeaux. Mais, quand cela n’aurait pas lieu, moi-même et mes braves amis tout armés, nous nous chargerons de vous escorter jusqu’à votre demeure.

« Vous-même ? demanda Pasquale, vous proposez de m’accompagner avec vos camarades ? combien d’hommes cela peut-il faire ? — Huit et dix personnes seront à votre disposition, signor Pasquale ; décidez-vous : exaucez mes prières.

« Formica a une belle voix, disait tout bas Pasquale, je voudrais bien savoir comment il chantera ma musique. — Décidez-vous, s’écria Nicolo encore une fois, en se cramponnant de plus belles aux jambes de Capuzzi.

« Vous me répondez, demanda le vieux, que je rentrerai chez moi sans encombre. — J’y engage mon honneur et ma vie, répartit Nicolo, en donnant au vieillard une secousse encore plus forte.

« Allons ! dit Capuzzi, j’irai après demain à votre théâtre. » Alors Nicolo se leva en sautant de joie, et serra le vieux contre sa poitrine si violemment qu’il gémissait et haletait comme un homme essoufflé. Au même instant parut Marianna. Signor Pasquale tenta de la faire rétrograder en lui lançant