Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/132

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pas bien naturel que Pasquarello fût l’ami et le serviteur de signor Pasquale.

Là-dessus le docteur se mit à rire aux éclats et se récria sur ce que Pasquarello, après avoir quitté son service, à lui Graziano, lequel lui valait de bons gages et la nourriture, sans compter tous les quattrini qu’il lui dérobait, fût allé se mettre en condition chez le fat le plus achevé de tous les fats qui jamais se fût bourré de maccaroni, chez ce mannequin de carnaval ambulant, ce fou gonflé de suffisance qui ressemblait à un coq se rengorgeant sous ses plumes mouillées, chez cet avare crasseux., ce vieux Cassandre amoureux, dont le braillement intolérable, auquel il prostitue le nom de chant, était la plaie de la rue Ripetta, etc., etc…

Pasquarello, tout en colère, répondit : qu’on voyait bien que le docteur ne parlait que par envie ; mais qu’il parlait, lui, le cœur dans la main : — Parla col cuore in mano. — Que le docteur n’était nullement capable, ni digne de juger le signor Pasquale Capuzzi di Senigaglia ; — Il parlait, lui, le cœur dans la main. — Que le docteur avait une odeur très-prononcée de tous les ridicules qu’il prétait à l’excellent signor Pasquale ; — Il parlait, lui, le cœur dans la main. — Que le docteur avait eu, plus d’une fois, la honte de voir six cents personnes réunies éclater de rire aux dépens de monsieur le docteur Graziano, etc., etc. Alors Pasquarello entama un long panégyrique sur son nouveau maître, signor Pasquale, où il lui attribuait toutes les vertus imaginables, et finit par la description de sa personne,