Page:Hoffmann - Contes fantastiques I.djvu/144

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tiste. Les deux peintres se rappelaient le vieux tuteur déçu, et les détails de l’aventure du théâtre de Nicolo Musso. Antonio demanda un jour à Salvator comment il s’y était pris pour engager, en faveur de leur projet, non-seulement Musso, mais encore Agli et Formica surtout. Mais Salvator répondit qu’il ne voyait à cela rien que de très-naturel, puisqu’étant lié à Rome très-étroitement avec Formica, il lui avait donné des instructions que le comédien avait suivies avec le zèle et l’empressement d’un ami. Cependant, Antonio assurait qu’autant il se sentait porté à rire de cette scène qui avait décidé de son bonheur, autant il désirait se réconcilier avec le vieux Pasquale, sans même prétendre à un seul quattrino des biens de Marianna, frappés d’opposition par le vieux tuleur, son talent de peintre lui procurant assez d’argent. Quant à Marianna, elle ne pouvait retenir ses larmes, en songeant que le frère de son père ne lui pardonnerait jamais, fût-il dans la tombe, le tour qu’on lui avait joué, et cette idée de la réprobation du vieux Pasquale jetait un sombre nuage sur la splendeur de son avenir.

Salvator consola Marianna et Antonio, leur disant que le temps arrangeait des choses bien autrement scabreuses, et que le hasard pouvait amener le vieux à un rapprochement avec bien moins de risques pour eux, qu’ils n’en eussent courus en restant à Rome, ou en y retournant.

Nous verrons que Salvator était, en cela, inspiré d’un esprit prophétique.

Un matin, quelque temps après, Antonio se pré-